Performance et sociabilité

 

Une langue doit servir à la communication humaine. Or l'humain aime le phatique. Nous sommes une espèce sociale, ne l'oublions pas. Et comme on ne s'épouille plus..

Il y a deux choses différentes :

- l'efficacité de la langue à inclure le plus d'information dans le plus petit espace phonétique possible. C'est un des objectifs du sambahsa, d'où certaines de ses caractéristiques (déclinaisons, ablaut).

- le fait de parler pour rien dire : dans ce cas, quelle que soit la langue utilisée, ça ne change rien, même en sambahsa... C'est plutôt une question de style.

Olivier Simon a écrit:

- l'efficacité de la langue à inclure le plus d'information dans le plus petit espace phonétique possible.

Tout en ne tombant pas dans de regrettables excès. C'est parce que la langue est quelque peu redondante que nous sommes capables de comprendre des phrases même si le bruit, la fatigue ou le mauvais état de la ligne de téléphone nous empêche d'en entendre une partie.
Exemple (#=syllabe indistincte,) :
"# wazo sõ parti" ->
"les oiseaux sont partis". J'ai compris que le mot "oiseau" était au pluriel parce que le verbe s'infléchit également pour le nombre ; si ma langue ne le marquait qu'une fois (sur le nom) :
*"# wazo ɛtr parti"
, je ne pourrais dire si un ou plusieurs oiseaux sont, effectivement, partis.

Mardikhouran a écrit:

Tout en ne tombant pas dans de regrettables excès. C'est parce que la langue est quelque peu redondante que nous sommes capables de comprendre des phrases même si le bruit, la fatigue ou le mauvais état de la ligne de téléphone nous empêche d'en entendre une partie.

Et cette redondance est sans doute encore plus nécessaire pour une LAI, dont les locuteurs ont souvent moins de références communes pour inférer ce qui pourrait manquer et qui sera utilisée de manière différente et souvent imparfaite par ses divers locuteurs.

L'un n'empêche pas l'autre;

En sambahsa : i avs hant abpluct

Au singulier : el av hat abpluct

Il y a en l'espèce trois distinctions entre le singulier et le pluriel, sans rallongement de la phrase.

 

Évidemment une langue doit pouvoir être précise et vague. Toutes les langues naturelles le sont.

Si on est trop concis, et que l'on ne peut pas reformuler plus longuement ce qu'on a dit brièvement ou encore si l'on a un seul mot pour chaque chose, au lieu d'avoir des mots pouvant distinguer la partie pour le tout, le tout, ou encore plusieurs objets ayant en commun la même qualité, il est simplement impossible à la langue construite de suivre le fil de la pensée, et on retombe sur la Novlangue d'Orwell, un genre de camisole de force linguistique qui bride la pensée.

Donc s'il fallait choisir (et heureusement, un créateur de langue n'est jamais obligé de choisir entre quelques options limitées que ce soit), j'opte pour le foisonnement

Je pense que la vie d'une langue réside dans son mouvement. Comme l'explique Pierce en parlant de la sémiosis, le signe meurt lorsqu'il est statique, que son sens est fixé.

Donc, selon moi, une langue vague et foisonnante, il n'y a que ça de vrai.

Et le problème d'une langue minimaliste comme le ba gai dun (oui, je m'autocritique), c'est le manque de redondance (les mots sont courts et ont tendance à se ressembler).* Il faut être extrêmement clair et articulé en permanence. Je préconise qu'une auxilangue soit plutôt redondante, mais sans que cette redondance soit obligatoire. Ainsi, on aura plusieurs manières de parler, de la plus claire et redondante à la plus concise, stop.


*Cela dit, le BGD a tout de même des mots suffisamment vagues et non précis pour que la sémiosis s'opère indéfiniment.