En parcourant les très nombreuses démonstrations de nos langues construites, je constate que nous ne traduisons pas forcément de la même manière la même phrase d'une langue à l'autre.
Prenons l'exemple de "Il voit des éléphants roses".
Nous pourrons traduire cet exemple mot à mot : traduction de "il" + traduction de "voit" + traduction de "des" etc.
...Avec un risque que le sens de la phrase se perde totalement (il a trop bu, voire il hallucine à cause de l'alcool).
...Avec ou sans le maintien de l'équivoque ("il voit vraiment des éléphants roses" / "il voit dans sa tête les éléphants roses qui sont là ou pas" / "il n'y a pas d'éléphants roses mais il les voit" / "il voit des éléphants roses mais ils sont verts donc il fait erreur" etc.).
Nous pourrons traduire la même phrase par une explication, forcément réductive : traduction de "il" + traduction de "hallucine" + traduction de "à cause de l'alcool".
...Avec autant de traductions alternatives qu'il existe d'explication différentes à la phrase - traduction par reformulation / explication plus précise.
... Avec autant de traductions équivoques alternatives qu'il existe de formules différentes aussi équivoque que la phrase à traduire dans la langue cible - traduction par équivalence équivoque.
Il y aurait aussi la possibilité de traduire par une formule plus courte (traduction résumé), plus longue (traduction circonvolutive), plus répétitive (traduction redondante), plus dramatique (cf. le Klingon) ou plus allusive (cf. le japonais formel), plus technique ("il a plus de 0,8 grammes d'alcool dans le sang") ou jargonesque ("il voit des schtroumpfs roses") etc. etc.
Il y aurait aussi la possibilité de traduire en rythme (mots de même longueur, phrase de même rythme), en rimes équivalentes (symétries sonores aux mêmes points de la phrase) ou identiques (mêmes sons aux mêmes points de la phrase), en musicalité signifiante (même idées au même point de la phrase).
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D'où une première question :
Existe-t-il une ou plusieurs classifications des différentes manières de traduire une phrase qui pourrait compléter celle que j'esquisse dans ce post ?
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Selon ma formation, une traduction correcte ne doit ni enlever, ni ajouter des idées que l'auteur de la phrase à traduire n'avait pas mis dans sa phrase originale.
Est-ce que cela vous parait juste, ou bien est-ce que pour vous le fait de franchir la barrière des langues implique nécessairement un enrichissement ou un appauvrissement des idées originales de la phrase à traduire ?
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Dernière question, mais pas la moindre : l'aptitude d'une langue construite à traduire exactement la formule d'une autre langue est-t-elle un critère de perfection de cette langue ?
C'est à dire on mesurerait le degré d'achèvement d'une langue construite au nombre de formules d'une autre langue qu'elle est capable de traduire au plus juste : par exemple aucune traduction exacte possible, la langue construite est ébauchée - Quelques traductions possibles, la langue construite est inachevée - toute traduction possible, la langue construite est achevée.