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 Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)

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MessageSujet: Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)   Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais) EmptyMer 16 Mai 2012 - 22:17

J'ai très souvent lu et entendu le fait qu'une des raisons du grand conservatisme linguistique de l'Islandais s'expliquerait par le long isolement de l'île, loin des grandes routes commerciales et des influences extérieures apportées par les voyageurs et les échanges culturels.

En ce moment je suis en train de lire un roman* d'un auteur islandais ayant pour cadre le basculement du catholicisme au luthéranisme en Islande au milieu du XVIe siècle, et sa complète mainmise par les intérêts danois. Une période mal connue et dont je me disais justement : "tiens, cela doit être intéressant à observer".

Eh bien, parmi les choses que je découvre et qui vont à l'encontre des a prioris (au moins les miens), il y a notamment le fait que l'Islande était loin d'être une terre "abandonnée". Durant tout le Moyen-Âge, l'église a entretenu des relations assidues avec le reste de la chrétienté et Rome. Par ailleurs, les échanges avec la Norvège et la Baltique ont été constants. Et au XVIe siècle, la bascule vers le luthéranisme se passe sur un fond d'âpres compétitions commerciales entre le roi du Danemark (ni plus ni moins qu'un vulgaire marchand-fermier ayant besoin de se renflouer, et ayant confisqué les richesses monastiques dans tout son royaume, un peu comme Henri VIII en Angleterre) et les marchands et compagnies hanséatiques (notamment de Hambourg), lesquels faisaient commerce depuis une centaine d'années de poisson séché et de soufre en grandes quantités et nombreux mouvements maritimes, après avoir même évincé les anglais au tournant du XV-XVIe siècle. Sinon, autre détail, en 1629, des pirates barbaresques d'Algérie viennent y rafler plusieurs centaines d'esclaves ! (j'ignorais totalement qu'ils sortaient de Méditerranée pour s'aventurer si haut dans l'Atlantique, à la barbe des espagnols, portugais, français et anglais !).

Tout cela pour constater que l'Islande était loin d'être une île isolée, qui aurait ainsi été à l'écart des influences extérieures et donc linguistiques, comme trop souvent on l'entend affirmer. Dans le cas présent, j'ai davantage le sentiment que c'est l'existence même de l'extraordinaire fond des sagas (du XII au XIVe siècle), avec la culture et la "révérence" qui se sont attachées à elles qui explique le "conservatisme" de l'Islandais. Lesquelles ont été transmises, recopiées et référées constamment durant les siècles suivants, avec aussi une tradition qui consistait pour un un "Lecteur de la Loi" de devoir chaque année lors de l'Althing réciter oralement à l'assemblée un tiers différent des tables de la loi (le Jonsbok, je crois).

* un peu lassant, j'ose avouer. Plein de noms personnages obscurs, où on croirait parfois lire un guide de voyage tant il est question de "... après la vallée de Trucmuchur, à gauche sur la piste de Bidulveddhir, la grande ferme de Machinfjörd sous le roc de Trifogmund reflétant dans le lac des Trois Canards ... il pénétra dans la sombre Maîtrestofa au bout du tunnel en tourbe... où se tenait Olafur Machinsson le balafré, le gudmudar de Petaouschnokjur, de la grande famille des Tartempilungar..." Je sais bien que c'est typiquement le style littéraire des anciennes sagas, et truffé au passage de vers scaldiques, mais je comprends mieux pourquoi ce genre de romans s'exporte mal, en dehors des effets de mode surfaits.
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Greenheart




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MessageSujet: Re: Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)   Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais) EmptyJeu 17 Mai 2012 - 10:50

Autrement dit, c'est la vitalité et le respect généralisé de la culture des générations précédentes qui explique le maintien d'une langue en l'état, compte tenu que c'est le seul moyen d'accéder à cette culture - Et non une politique isolationniste ou nationaliste.

Cela explique aussi le maintien du latin au sein de l'église catholique ou de l'hébreu, et d'une manière très caricaturale et affaiblie celui de l'ancien français dans les milieux universitaires... ou sur Google Books.

Cela accréditerait aussi une hypothèse qu'une langue évoluerait d'abord à cause de l'ignorance, du manque d'éducation et du mépris pour les œuvres du passé : on réinvente le fil à couper le beurre linguistique et on emprunte aux voisins parce qu'on ne sait plus le dire, le lire, l'écrire comme par exemple les grands-parents savaient le dire, le lire ou l'écrire.
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Olivier Simon
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MessageSujet: Re: Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)   Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais) EmptyJeu 17 Mai 2012 - 11:01

Sur un thème voisin, à cause du post de Nuri, je suis retombé sur le bouquin d'Anthony sur l'expansion des Indo-Européens.
A un moment du livre, il explique que les langues des conquérants s'imposent aux conquis seulement si les conquis peuvent accéder à l'élite (en faire partie). Par exemple, le français ne se serait pas imposé en Angleterre parce que la noblesse était fermée aux Anglo-Saxons.
Donc, en ce qui concerne les Indo-Européens, leur langue n'a pu s'imposer qu'en assimilant et en acceptant les populations indigènes (n'en déplaise aux esprits détraqués de l'époque moderne obsédés par la "pureté raciale" qui n'est d'ailleurs attestée nulle part).
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MessageSujet: Re: Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)   Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais) EmptyJeu 17 Mai 2012 - 12:20

Olivier Simon a écrit:
Sur un thème voisin, à cause du post de Nuri, je suis retombé sur le bouquin d'Anthony sur l'expansion des Indo-Européens.
A un moment du livre, il explique que les langues des conquérants s'imposent aux conquis seulement si les conquis peuvent accéder à l'élite (en faire partie). Par exemple, le français ne se serait pas imposé en Angleterre parce que la noblesse était fermée aux Anglo-Saxons.
Donc, en ce qui concerne les Indo-Européens, leur langue n'a pu s'imposer qu'en assimilant et en acceptant les populations indigènes
Est-ce qu'Anthony parle du système indien des castes ? Les Indo-Aryens ont inventé et perfectionné le système des castes, c'est-à-dire des groupes sociaux endogamiques. Ça ne les a pas empêchés d'imposer leurs langues sur toute la moitié nord du sous-continent. Le système des castes, qui est plus solide qu'on ne le pense, a été copié partout où l'hindouisme a essaimé : non seulement en Inde du Sud mais aussi en Indonésie et en Indochine.

En Europe, après la chute de l'Empire Romain, les langues germaniques se sont imposées là où les envahisseurs représentaient un certain pourcentage de la population totale. Mais là où ils n'étaient pas assez nombreux, par exemple en Bourgogne (les Burgondes n'étaient apparemment pas plus de cinq mille au total) ce sont eux qui ont adopté, non pas les langues locales (le celtique existait encore au 5e siècle), mais la langue comprise par le plus grand nombre : le latin des fonctionnaires, des prédicateurs et des commerçants.

Les Normands n'étaient que quelques milliers en Angleterre, il n'y a pas eu de migration massive depuis la Normandie. Ils n'étaient tout simplement pas assez nombreux pour franciser le pays. La Guerre de Cent Ans a fini par convaincre la noblesse anglo-normande de tourner définitivement le dos à la France et à sa culture.

La noblesse féodale a toujours été une caste fermée, endogamique. Dans le meilleur des cas, les roturiers pouvaient devenir les collaborateurs et les soldats des nobles.

Si le français est une langue romane, c'est à mon avis parce qu'à l'époque de Charles le Chauve les Germains n'étaient pas assez nombreux sur le territoire pour que les rois puissent recruter la totalité de leurs conseillers et de leurs soldats parmi la population de langue germanique.

De même, en Afrique du Nord, après le 7e siècle, la langue arabe s'est imposée face aux parlers berbères et latins (Saint-Augustin, qui était algérien, parlait le latin d'Afrique du Nord) là où les envahisseurs étaient relativement nombreux, c'est-à-dire près des côtes. Dans les montagnes, peu attirantes pour des nomades, la langue berbère s'est maintenue jusqu'à nos jours (même en Libye, ce que j'ignorais jusqu'à l'an dernier). Cela montre bien que le pourcentage de l'ethnie dominante dans la population totale joue un rôle déterminant.
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MessageSujet: Re: Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)   Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais) EmptyJeu 17 Mai 2012 - 12:47

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Dernière édition par lsd le Mer 3 Juil 2013 - 22:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)   Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais) EmptyJeu 17 Mai 2012 - 13:27

Vilko a écrit:

Est-ce qu'Anthony parle du système indien des castes ? Les Indo-Aryens ont inventé et perfectionné le système des castes, c'est-à-dire des groupes sociaux endogamiques. Ça ne les a pas empêchés d'imposer leurs langues sur toute la moitié nord du sous-continent. Le système des castes, qui est plus solide qu'on ne le pense, a été copié partout où l'hindouisme a essaimé : non seulement en Inde du Sud mais aussi en Indonésie et en Indochine.

Non, son bouquin est surtout consacré à de l'archéologie.
En ce qui concerne les castes, il y a dû quand même y avoir une sorte d'exogamie.

Citation :
En Europe, après la chute de l'Empire Romain, les langues germaniques se sont imposées là où les envahisseurs représentaient un certain pourcentage de la population totale. Mais là où ils n'étaient pas assez nombreux, par exemple en Bourgogne (les Burgondes n'étaient apparemment pas plus de cinq mille au total) ce sont eux qui ont adopté, non pas les langues locales (le celtique existait encore au 5e siècle), mais la langue comprise par le plus grand nombre : le latin des fonctionnaires, des prédicateurs et des commerçants.

Oui (et je viens d'une région frontalière). Et il y a aussi le fait que les Burgondes avaient été des foederati romains, et donc parlaient déjà latin quand ils sont venus en Bourgogne (plus exactement en Franche-Comté). De même les Wisigoths en Espagne.


Citation :
Si le français est une langue romane, c'est à mon avis parce qu'à l'époque de Charles le Chauve les Germains n'étaient pas assez nombreux sur le territoire pour que les rois puissent recruter la totalité de leurs conseillers et de leurs soldats parmi la population de langue germanique.

Quand les Francs ont conquis la Gaule, Clovis se considérait comme un général romain (disons héréditaire...) et il comprit aussitôt qu'il devait s'appuyer sur les structures locales (c'est-à-dire l'Eglise) pour pérenniser son pouvoir. Dans les faits, il n'y a pas eu de rupture brutale avec l'Empire Romain déjà moribond avant 476. Ce qui subsistait d'administration fut maintenu (et même le seigneur de Narbonne continuait de se rendre au Sénat à Rome...)

Dès le VII° siècle, il n'y avait plus d'énormes différences entre les anciens groupes ethniques et tout le monde s'appelaient "Franci". C'était simplement la langue du pays qui était utilisée. La principale différence était qu'il n'y avait pas encore de frontière linguistique bien définie mais un grand nombre d'enclaves. Ainsi, on pense qu'un dialecte germanique a pu se maintenir à Gondrecourt le Château (S-O de la Lorraine) jusqu'au XI° siècle, tandis qu'à la même époque, Trèves était encore romanophone.
Au IX° siècle, le francique avait presqu'entièrement disparu de Neustrie, comme l'avait noté l'abbé Loup de Ferrières dans une lettre. Cependant, parler francique était bien considéré dans les hautes classes, car à l'époque les comtes n'étaient pas fixés territorialement, mais mobiles de pagus en pagus dans un Empire bilingue (un peu comme les préfets d'aujourd'hui). Avec l'édit de Quierzy (territorialisation) puis la fin de l'Empire, connaître la langue francique a fini par perdre tout intérêt en Francie Occidentale.


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MessageSujet: Re: Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)   Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais) EmptyJeu 17 Mai 2012 - 14:34

Sab a écrit:
Olafur Machinsson le balafré, le gudmudar de Petaouschnokjur, de la grande famille des Tartempilungar...
LOLLLLL. Dans le registre "mélanges de langues", en norvégien on a le Langvekistan, qu'on pourrait traduire par Boudumondistan.
Sinon, pour revenir sur les facteurs d'évolution ou de conservatisme d'une langue, c'est quand même drôlement difficile de quantifier et même d'évaluer le degré d'isolement d'une langue et encore plus son influence sur son évolution. En plus toute langue a des facteurs internes d'évolution, comme tout système vivant, qui n'est jamais en équilibre rigide (sous peine de tomber). Je crois que le mystère persistera longtemps, on a affaire à des choses vraiment complexes.
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MessageSujet: Re: Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)   Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais) EmptyJeu 17 Mai 2012 - 14:41

Olivier Simon a écrit:
En ce qui concerne les castes, il y a dû quand même y avoir une sorte d'exogamie.
C'est certain, et à mon avis c'est en partie ainsi que sont apparues les innombrables sous-castes (elles aussi endogamiques) qui forment la réalité concrète du système des castes en Inde.

Olivier Simon a écrit:
Au IX° siècle, le francique avait presqu'entièrement disparu de Neustrie, comme l'avait noté l'abbé Loup de Ferrières dans une lettre. Cependant, parler francique était bien considéré dans les hautes classes, car à l'époque les comtes n'étaient pas fixés territorialement, mais mobiles de pagus en pagus dans un Empire bilingue (un peu comme les préfets d'aujourd'hui). Avec l'édit de Quierzy (territorialisation) puis la fin de l'Empire, connaître la langue francique a fini par perdre tout intérêt en Francie Occidentale.
Oui, car le francique n'était pas la langue de la majorité de la population, contrairement à, par exemple, l'Alsace et le nord de l'ancienne Gaule.

Partout où le germanique s'est imposé, ce n'est pas en ouvrant les rangs de la noblesse franque ou alémanique aux vaincus (à ma connaissance, ils ne l'ont jamais fait), mais parce que les germanophones étaient assez nombreux pour dominer le pays.

Les Romains n'ont laissé des Gaulois devenirs sénateurs romains que lorsque ces mêmes Gaulois (membres de l'élite gauloise) étaient déjà romanisés. La latinisation de la Gaule a longtemps été pour moi un mystère, on estime en effet qu'environ 100 000 latinophones seulement se sont fixés dans une Gaule peuplée de huit millions d'habitants. Je pense que d'éminents universitaires ont dû plancher sur le sujet. À mon avis la latinisation linguistique de la Gaule a dû être un phénomène assez tardif, lié aux grandes invasions : lorsque soudainement on parle plusieurs langues dans une région, la langue seconde commune à tous tend à devenir la langue commune en quelques générations, comme dans nos banlieues françaises où la première génération parle une centaine de langues maternelles différentes et les générations suivantes sont francophones.

C'est aussi ce qui s'est passé à l'Île Maurice, où la dizaine de langues différentes parlées par les Mauriciens (télougou, bhojpuri, cantonais, hakka, etc) est en voie d'être remplacée par le créole, qui n'a aucun statut officiel (et donc ne permet pas d'accéder à l'élite, qui est francophone et anglophone) mais qui a l'avantage d'être compris par tous les Mauriciens.
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MessageSujet: Re: Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)   Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais) EmptyJeu 17 Mai 2012 - 15:29

Pour la Gaule, il y a eu acculturation : un grand nombre de Gaulois ont adopté la mode de vie romain et la langue (d'où l'appellation de Gallo-Romains) même si le gaulois est resté parlé jusqu'au VI° siècle de notre ère.

Et surtout - au contraire des Grandes Invasions - la Pax Romana a été une période de prospérité : plus de guerres durant plusieurs siècles. Il y a eu en tout cas un grand nombre d'immigrés venus travailler en Gaule et bien entendu, leur langue commune est vite devenu le latin.

Autre facteur de changement de langue évoqué par Anthony est l'avenir professionnel offert par celle-ci. Il évoque le cas du gaêlique d'Ecosse qui s'est effondré après la 2° guerre mondiale quand les locaux ont pu/voulu devenir autre chose que pêcheur. Et on peut étendre cette réflexion aux langues régionales de France qui se sont aussi effondrées après les années 50, victimes de la "modernité" et de la disparition du cadre de vie traditionnel.
Avant, même si on apprenait le français "à l'école de la République", le patois suffisait pour bosser dans les champs (ou même à la mine) avec ceux du même village. Maintenant, les perspectives professionnelles ne sont plus les mêmes...
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MessageSujet: Re: Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais)   Réflexion concernant le conservatisme prêté à certaines langues (Islandais) EmptyJeu 17 Mai 2012 - 19:59

Olivier Simon a écrit:
A un moment du livre, il explique que les langues des conquérants s'imposent aux conquis seulement si les conquis peuvent accéder à l'élite (en faire partie).
Concernant la naissance des langues romanes et leur prévalence, l'Edit de Caracalla en 212 qui a élargi la citoyenneté romaine à tous les libres de l'empire, en lieu et place des statuts pérégrins et locaux, a probablement eu une influence décisive, d'autant que le 3e siècle a été une période trouble où la survie de Rome s'est jouée sur le limes danubien avec des légions issues des zones non-latines de l'empire et un renouvellement assez fort des élites, justement au profit de l'armée, que Dioclétien entérinera en système.

Peut-être dans le même esprit, le rapide développement de l'Arabe, lié à celui de la formidable explosion de l'islam dans son premier siècle, sur des régions pourtant hellenistiques depuis 8 siècles (Egypte, Levant), tient sûrement au principe même de l'umma, selon lequel celui qui se convertit est intégré. Et les élites omeyyades étaient finalement surtout des chrétiens hellénisés urbains convertis.
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