Merci pour l'article, Silvano !
- Citation :
- Le cortex du gyrus occipital inférieur, dont l’épaisseur était aussi significativement plus grande chez les bilingues simultanés, intervient dans le traitement des informations visuelles. «Probablement qu’ils ont sollicité davantage cette région lors de l’apprentissage de leur première langue. Quand nous apprenons notre première langue [nos deux langues maternelles dans le cas des bilingues simultanés], nous baignons dans un environnement d’images et de sons, tandis que les bilingues séquentiels apprennent leur seconde langue dans le contexte plus formel d’une salle de classe où il y a moins d’intégration entre les sons et les images. Mais ce n’est qu’une hypothèse sur laquelle je me pencherai», avance le jeune chercheur.
Bilingues simultanés = ceux qui ont appris deux langues différentes dès le berceau. Bilingues séquentiels = ceux qui ont appris leur 2e langue plus tard, en général à l'école.
On réapprend continuellement une langue quand on la parle. D'ailleurs, il suffit de rester dix ans sans parler sa langue maternelle pour en perdre la maîtrise : on la parle moins bien, on perd du vocabulaire, parfois même on prend l'accent de la langue que l'on parle au quotidien.
Lorsqu'on apprend une nouvelle langue, les mots sont moins connotés :
ako ("arbre" en dibadien) évoque beaucoup moins de choses pour moi que le mot "arbre", ou même que le mot "tree".
L'image visuelle n'est pas la même : quand je pense à "arbre", je vois un arbre dans sa totalité, avec son feuillage. "Ako" c'est un mot issu d'une ancienne idéolangue, où le préfixe a- indiquait un végétal, et "ko" quelque chose de vertical (k-) et grand (-o).
Ako, pour moi, c'est un arbre avec un grand tronc gris, et presque pas de feuillage, comme un arbre poussant dans une plantation (ce qui est le cas de la plupart des arbres du Niémélaga, ce n'est peut-être pas entièrement une coïncidence).
- Citation :
- Jonathan Berkem a aussi enregistré l’activation du cerveau par l’IRM fonctionnelle tandis que les sujets lisaient un texte en français et un texte en anglais. Il a ainsi observé que les mêmes régions cérébrales s’activaient dans les deux groupes.
Toutefois, l’ampleur de l’activation différait d’un groupe à l’autre. «Certaines régions étaient plus sollicitées chez les bilingues simultanés que chez les bilingues séquentiels, tandis que pour d’autres régions, c’était l’inverse», a expliqué M. Berkem, qui s’apprête à analyser ces dernières données.
Une simple hypothèse qui n'engage que moi : les régions les plus sollicitées sont celles qui ont le plus de connexions. "Forêt" a énormément de connexions dans mon cerveau. "Arbaro" ("forêt" en espéranto) infiniment moins. Lorsque j'entend le mot "forêt" une foule de connexions cérébrales se font dans ma tête. Quand j'entend le mot "arbaro", il y en a moins, par contre je reconstitue spontanément l'étymologie du mot : arb-ar-o. Ce n'est pas le cas quand j'entend le mot "forêt" (dont j'ai oublié l'étymologie).
Donc, mon cerveau fonctionne différemment quand j'entend "forêt" et "arbaro".
Les travaux de Jonathan Berkem sont, à mon avis, un encouragement à apprendre des langues étrangères : c'est toujours utile de faire travailler son cerveau de plusieurs façons différentes. Et plus la langue que l'on apprend est différente de sa langue maternelle, plus l'exercice est profitable.