- Citation :
- En Kotava, on a par exemple le suffixe -ik qui désigne un individu, une personne en relation avec qqchose.
Le problème en Kotava me semble-t-il est la retraduction en français, qui ajoute des idées qui ne sont pas signifiées par la combinaison kotavienne :
- Citation :
- - bema = école
- bemik = élève ou instituteur ?
Si je suis le raisonnement que tu décris, "bemik" ne devrait signifier ni "élève", ni "instituteur" mais seulement "membre de la communauté de l'école", ou "population scolaire", qui inclurait aussi bien les élèves, que l'instituteur et toute autre personne peuplant le bâtiment de l'école.
L'argument du nombre ("bemik" signifie "élève" parce qu'il y a plus d'élèves que de professeur) n'est pas valide selon moi : qu'il y ait plus d'élèves que de professeurs dans une école est une donnée qui peut être fausse selon l'idée qu'on se fait d'une école, ou la sorte d'école (au conservatoire, les classes ont rarement plus d'un élève par professeur par exemple ; à l'époque victorienne, il y a beaucoup plus de professeurs que d'élèves dans les écoles pour les riches, et un seul professeur pour plus de cinquante élèves dans les écoles pour les moins riches ; dans l'école pour les ouvriers ou les garçons qu'on emmène à la mine ou les filles qu'on attache au métier à tisser, le nombre de professeurs variera entre 0 et toute personne plus expérimentée dans le métier).
On pourrait aussi arguer que ce n'est pas le nombre, mais la relation "professeur à élève" qui caractérise l'école : une école est un endroit où l'on apprend, donc une école n'existe qu'à partir du moment où il y a au moins un professeur dedans, donc "bemik" devrait signifier "professeur des écoles" ou "instituteur" et rien d'autre.
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Les règles de dérivation (= règles de combinaisons de sèmes ?) sont très différentes en rémaï 32 mais on retrouve les mêmes obstacles.
Cependant chaque situation et chaque classe grammaticale apporte sa solution, du plus vague au plus précis.
L'école que tu décris est un bâtiment > donc DEI ou TEI (une maison).
Ce bâtiment sert à transmettre une expérience > donc LEI (un métier, une occupation, une expertise).
Donc école, collège, lycée, faculté etc. > LEITEI (expertise en position d'origine, construction en position d'arrivée = littéralement, maison professionnelle).
Mais ce mot pourrait aussi désigner n'importe quel bâtiment où l'on exercerait un métier.
Si on inverse TEI et LEI, l'accent est alors mis sur l'entité "école" et non le "bâtiment" > TEILEI, l'expertise d'une maison.
On peut ouvrir la racine LEI et préciser quel genre d'occupation ou d'expertise se pratique : les indices en E traitent justement du niveau d'expérience atteint dans le métier, depuis zéro (JE, néophyte, grand débutant à NE, retraité, qui ne pratique plus). L'indice correspondant à l'étude est précisément WE.
Donc LEIWETEI est une maison d'étudiants, donc une école, un collège, un lycée, faculté etc.
Il est possible alors de détaillé avec les indices en A ou en I le domaine générale d'expertise, par exemple MA est une école de médecine non experte, MI une école d'expert en médecine.
En gros, LEIMAWETEI serait une école d'infirmerie ou de premier secours, LEIMIWETEI serait une faculté de médecine.
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Supposons maintenant que je veuille "dériver" LEIWETEI = "école" pour obtenir un nom désignant une personne travaillant dans l'école.
JEI est la racine décrivant des individus, donc forcément, je dois ajouter JEI, en position finale (arrivée) car c'est la dernière racine qui deviendra sujet du verbe qui pourrait suivre.
LEIWETEIJEI : un membre de l'école.
Et j'en arrive exactement au point que tu décrivais en Kotava, sauf que LEIWE (occupation d'étudiant) dans cette position va forcément "déteindre" sur JEI (individu qui a forcément une occupation, une maison, des émotions etc. etc.).
Donc LEIWETEIJEI est bien l'étudiant qui appartient à une école.
LEIWEJEI est aussi l'étudiant, mais pas forcément d'une école (un bâtiment).
A noter que LEIWETEI_NYAJEI est l'individu qui se tient devant une école (pas forcément un étudiant), car le déterminant YA (un autre que celui dont j'ai déjà parlé) sépare JEI des racines précédentes.
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Pour ensuite évoquer une autre relation à l'école (le bâtiment), il va falloir utiliser soit des verbes en O, soit des relations en U.
Les verbes en O permettent de décrire une action, y compris à l'intérieur d'un nom en EI (racine) ou d'un adjectif (mode en OU).
JEIKO-TEILEIWE : l'individu qui reçoit l'expertise d'une maison, c'est forcément celui qui étudie.
JEIDO-TEILEIWE : l'individu qui donne l'expertise d'une maison, c'est forcément le professeur.
JEIWO-TEILEIWE : l'individu qui accompagne l'expertise d'une maison, c'est forcément l'assistant.
Et ainsi de suite.
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Les relations (ou liens) en U ont un rôle plus proche de celui d'une terminaison "ik".
Ils relient, même à distance, deux mots de même classe grammaticale (deux racines, deux modes, deux n'importe quoi), en indiquant une relation logique.
JEI-WU-TEILEIWE : L'individu qui accompagne, se trouve auprès de l'école (institution).
JEI-WU-LEITEIWE : L'individu qui accompagne, se trouve auprès de l'école (bâtiment).
JEI-GU-TEILEIWE : L'individu indispensable à l'école (institution), possiblement le professeur.
JEI-GU-LEITEIWE : L'individu indispensable à l'école (bâtiment), possiblement l'employé de l'école.
TEILEIWE-DU-JEI : L'individu qui vient après l'école, donc qui est sorti de l'école.
LEITEIWE-BU-JEI : L'individu qui est dans le bâtiment de l'école.
JEI LU TEILEIWE : L'individu à l'origine de l'école - le directeur, le fondateur.
TEILEIWE SU JEI : L'école qui cause l'individu, donc qui le forme.
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En français et en latin, chaque suffixe décrit une relation logique à l'action représentée par la racine (précédée éventuellement d'un préfixe précisant la position temporelle ou physique par rapport à l'action) :
Les suffixes latins -OR, TOR, SOR et français EUR / TEUR / SEUR désignent l'agent masculin de l'action ; (S)TRIX en latin - (S)TRICE en français, l'agent féminin.
Les suffixes latins ARIUS / ARIA (?) et français IER / IERE indique la personne qui exerce le métier.
Les suffixes latins INA / INUM indique le domaine d'expertise professionnel.
Les suffixes latins ARIUM indique le lieu de dépôt ; ETUM indique le lieu planté de : ILE indique le lieu peuplé (d'animaux).
Les suffixes latins ELA, IO, URA, US la description de l'action ou de l'activité en cours etc.
Si SCHOLA désigne l'école ou les études ou la compagnie, la corporation rattachée à cette école, ces études :
SCHOLARES / RIUS : les gardes du palais (la compagnie rattachée à l'école, formés par le palais).
SCHOLASTICA : les exercices de l'école.
SCHOLASTICUS : celui qui fait les exercices, donc l'étudiant.
SCHOLASTICULUS : le petit étudiant.
Conclusion, en latin on trouve quatre moyens combinés d'exprimer la relation entre l'objet représenté par le mot et sa racine :
La déclinaison (en US, en A ou autre) ; le genre (masculin, féminin, neutre) ; le suffixe et le préfixe.
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En vieux français, on retrouve :
ESCOLE : Ecole, classe (lieu et cours), enseignement.
ESCOLER (verbe) : enseigner.
ESCOLER / ESCOLIER / ESCOLIERE (nom) : étudiant, étudiante.
ESCOLASTRE (adjectif et nom) : d'usage scolaire, homme d'école.
On notera la proximité avec ESCOLTER, qui s'écrit aussi ESCOUTER : écouter.
Ce qui nous donne ESCOUTEOR : écouteur (celui qui vous écoute) ; ESCOUT (l'acte d'écouter) ; ESCOUTANCE (le fait de tendre l'oreille, d'être attentif) ; ESCOUTE (la sentinelle, l'avant-poste, l'avant-garde, l'espion).
Tout cela laisse à penser que, sans une académie pour censurer la libre combinaison des suffixes, préfixes et racines (ou standardiser l'orthographe latine d'origine), toutes les combinaisons peuvent se retrouver. On aurait pu imaginer alors un ESCOLATEUR (agent de l'école) qui serait celui qui ESCOLE (enseigne) aux ESCOLIER censés ESCOUTER et donc être ESCOUTEOR adaptes de la SCHOLASTIQUE et donc faisant leur SCHOLASTIQUE, donc bon SCHOLASTIQUES sous la surveillance des SCOLAIRES et avec l'aide des ESCOLASTRES / ESCOLESTRES.
Sources :
Suffixes latins : Lexique nouveau de langue latine / GUISARD et LAIZE chez Ellipses
Mots latins : Dictionnaire de Latin-Français d'Henri Goelzer chez Bordas.
Mots d'ancien français : Old French Dictionary / HINDLEY, LANGLEY, LEVY chez Cambridge